Olaïsha Francis
Les Premières Nations avaient l’habitude d’exprimer leur gratitude pour avoir survécu à l’hiver, ainsi que pour les récoltes et les chasses qu’ils avaient obtenues grâce à leur travail. Ces traditions reposaient sur des festins, des prières, des danses, un potlatch (remise de cadeaux) et autres cérémonies, selon les peuples.
L’Action de grâce en Amérique du Nord, ou sur le territoire qui deviendra plus tard le Canada, a sa propre histoire, distincte de celle des Américains.
Les origines sont généralement attribuées à un repas qui a eu lieu en 1578 soit sur la terre, à Frobisher Bay, maintenant dans le Nunavut, soit à bord de leur navire stationné dans la baie, organisé par l’explorateur anglais Martin Frobisher et son équipage, en remerciement à Dieu pour leur survie au cours du voyage et pour leur arrivée sains et saufs. Les explorateurs mangeaient du bœuf salé, des biscuits et de la purée de pois. Cette cérémonie est qualifiée de première Action de grâce canadienne, soit 43 ans avant le premier « Thanksgiving » américain.
En 1621, les pèlerins de la plantation de Plymouth, au Massachusetts, tiennent la première cérémonie de l’Action de grâce américaine afin de remercier Dieu pour la fin de la sécheresse et une récolte abondante. Sans le soutien des Wampanoag, qui ont enseigné aux pèlerins leurs méthodes de chasse, de pêche et d’agriculture, ces derniers n’auraient pas survécu.
Les mets traditionnellement associés au « Thanksgiving », comme la dinde d’Amérique du Nord, la courge et la citrouille, seront introduits par les Néo-Écossais dans les années 1750. Après la guerre de l’Indépendance américaine, les Loyalistes issus de l’Empire-Uni chercheront à étendre cette tradition à d’autres régions du pays. Il faut toutefois attendre 1863 pour que la Thanksgiving ait lieu le quatrième jeudi de novembre et soit instaurée comme une fête nationale par le 16e président des États-Unis, Abraham Lincoln.
Comme l’Action de grâce du Canada a été célébrée à des dates différentes, et même si elle est généralement fêtée le deuxième lundi d’octobre, les familles se réunissent également pour rendre grâce le samedi ou le dimanche. Il est vrai que cette idée n’est plus universelle parmi les Canadiens, mais l’importance de rendre grâce, d’être en famille et de partager un repas délicieux persiste au fil du temps.
Bien que ce soit une fête avec des traditions nord-américaines uniques, il y a d’autres pays dans le monde qui célèbrent leur propre version de Thanksgiving à différentes périodes de l’année.
Selon la National Public Radio de Washington, le Liberia est le seul autre pays qui célèbre officiellement Thanksgiving. Il souligne la date à laquelle les esclaves américains libérés ont fondé le pays en 1822 et a lieu le premier jeudi du mois de novembre. Cette journée tourne généralement autour d’un service religieux suivi d’un repas familial et est considérée comme un jour de repos et de détente. Bien qu’il n’y ait pas d’aliments traditionnels pour les fêtes, un repas typique au Liberia peut comprendre des aliments de base tel le riz, les ignames et les légumes verts.
Entre fin septembre et début octobre, L’Allemagne, l’Autriche et la Suisse célèbrent dans les villes rurales l’Erntedankfest – un concept de gratitude similaire à celui de Thanksgiving aux États-Unis. Les habitants remercient l’univers pour les récoltes abondantes par des services religieux, des défilés et de la musique.
La Grenade, une île des Caraïbes orientales, a commencé à célébrer la Thanksgiving il y a seulement 41 ans. L’armée américaine a rétabli la paix après la mort du dirigeant communiste Maurice Bishop en 1983 et les habitants ont manifesté leur gratitude en organisant un repas de Thanksgiving à l’américaine. Ce geste s’est depuis transformé en une fête annuelle.
Dans la culture chinoise, la pleine lune symbolise une réunion de famille. Ainsi, pendant le festival de la pleine lune (qui dure trois jours autour de l’équinoxe d’automne), il y a des festins, des danses du dragon et l’allumage de lanternes. Adultes et enfants dégustent des mooncakes, des pâtisseries fourrées de pâte de haricots sucrés ou de graines de lotus.
S’il fallait citer tous les pays qui célèbrent la Thanksgiving à leur façon, la liste serai bien trop longue. À retenir toutefois, que peu importe l’origine de l’Action de grâce, les peuples se réservent un moment convivial en famille pour remercier, selon eux, le ciel et la terre pour sa générosité.
Photo (pixels.com) : La dinde rôtie est le met le plus populaire à l’Action de grâce, autant du côté canadien qu’américain.