Depuis quelque temps, le bruit courrait que des mises à pied toucherait le personnel du Groupe Média TFO. La direction avait même annulé la cérémonie du Prix de reconnaissance des employés, prévue pour le jeudi 14 juin, pour la remplacer par une rencontre portant sur ses nouvelles priorités.

La nouvelle est finalement tombée mercredi dernier à l’effet que le diffuseur public supprimait 37 postes dans tous ses départements. Or, dans les heures qui ont suivi et en contradiction avec les dires des deux syndicats concernés, la direction a affirmé qu’il ne s’agissait en fait que de 19 emplois qui étaient touchés par les compressions dont 11 postes contractuels venus à terme. Qui plus est, le Groupe Média TFO s’est empressé d’annoncer la création de cinq nouveaux postes pour lesquels les personnes affectées par cette réduction du personnel pourront appliquer.

Entre-temps, la nouvelle avait suscité une vague de réactions allant de l’inquiétude à l’indignation. Des personnalités du milieu artistique, tel le chanteur Stéphane Paquette, et du secteur communautaire, à l’exemple de Carol Jolin, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, avaient exprimé leur désarroi face à cette situation. Une lettre ouverte, signée par de nombreux professeurs d’université, avait également circulé par le biais de l’ACFO Ottawa pour questionner le bienfondé de ces mesures, particulièrement en ce qui touchait l’avenir de l’émission #ONfr jugé désormais incertain.

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Pourtant, Groupe Média TFO avait essayé de se dédouaner en évoquant des circonstances indépendantes du bon vouloir de la direction. Les raisons succinctement évoquées faisaient état de la stagnation de la subvention provenant du ministère de l’Éducation, de la baisse des revenus issus de la câblodistribution et d’une augmentation des dépenses, dont notamment le loyer et la masse salariale. Ces précisions n’ont cependant guère suffi à tempérer la grogne populaire.

Qui plus est, au moment de mettre cet article en ligne, le nombre exact d’employés licenciés et la nature de leurs fonctions demeuraient flous. Groupe Média TFO insiste sur le chiffre de 19 mais le syndicat Unifor, auquel seraient affiliés 11 des employés licenciés, ne s’est pas rétracté quant aux 37 postes précédemment évoqués. La Guilde canadienne des médias affirme de son côté compter 10 membres parmi les travailleurs affectés par les coupures de postes.

Unifor blâme le gouvernement pour ces compressions mais le personnel fait entendre un autre son de cloche et suspecte plutôt de la mauvaise gestion de la part de la direction. Glenn O’Farrell s’est notamment fait reprocher ce qui est perçu comme des hausses salariales faramineuses en pareil contexte : le président et chef de la direction a vu ses revenus annuels passer de 244 978,47 $ en 2016 à 333 655,69 $ en 2018. Le principal intéressé a cependant démenti qu’il s’agissait d’augmentations de salaire et s’est ensuite longuement expliqué sur ce qui était en fait des remboursements de congés non pris depuis plusieurs années. Aucun remboursement n’est prévu pour l’an prochain.

L’impact qu’auront ces compressions au Groupe Média TFO reste à déterminer, en particulier en ce qui a trait à la qualité et à la variété de la programmation. Chose certaine, les Franco-Ontariens auront, par leur levée de boucliers, démontré l’attachement qu’ils ont à l’endroit de leur station de télévision.