Richard Caumartin
Didier Marotte est certes une des personnalités les plus connues au sein de la francophonie du Sud-Ouest ontarien puisqu’il y œuvre depuis une trentaine d’années. Originaire de Belgique, il a émigré au Canada en 1974 et a débuté sa vie professionnelle en faisant carrière dans les domaines de l’hôtellerie et la restauration.
De 1976 à 1993, il a été serveur dans un restaurant français, assistant gérant chez IHOP, gérant du Uncle Johns Family restaurant, maître d’hôtel à l’Hôtel Hilton à Windsor et propriétaire/chef opérateur du restaurant de l’Art Gallery de Windsor jusqu’à son embauche comme directeur général du Centre communautaire francophone de Windsor-Essex-Kent le 23 octobre 1993, pour gérer Place Concorde. M. Marotte demeure à Amherstburg avec son épouse Lynda Chandler.
Depuis son arrivée, sa personnalité joviale et son expérience dans le domaine de l’hôtellerie lui ont permis de connaître du succès avec l’organisation de banquets, d’activités communautaires et culturelles dans les salles de réception de Place Concorde.
Sa passion pour le développement de la francophonie locale l’a mené à occuper de nombreux postes au sein des organismes communautaires. Il a été président du Csc Providence et est toujours conseiller scolaire pour la région des villes de Kingsville, Amherstburg et Essex.
De plus, il a siégé au sein de plusieurs conseils d’administration au fil des ans : Comité local en immigration francophone de Windsor-Essex, Entité 1 de planification des services de santé en français, Club et Résidence Richelieu, comité régional du RIFCSO, conseil de gestion du Carrefour communautaire ainsi que le Comité consultatif de la ministre aux Affaires francophones en 2012. Les nombreux événements communautaires pour lesquels il a offert ses talents et son énergie en tant que bénévole ne se comptent plus.
Place Concorde
Mais tout n’a pas toujours été facile pour lui dans la gestion de l’éléphant blanc qu’était Place Concorde.
« De 1993 à 2007, nous avons accompli beaucoup, raconte Didier Marotte. Nous avons évité la faillite et réussi à diminuer la dette capitale de l’organisme. Nous avons été capables de maintenir les activités commerciales et les événements populaires communautaires. En 1998, il y a eu la récession qui nous a beaucoup affectés et, en 2004, l’usine Ford a changé sa politique d’entrée et de sortie des employés dont un bon nombre étaient des clients réguliers de notre bar Oasis à l’heure du lunch. Cela a fait baisser considérablement notre chiffre d’affaires de plus de 400 000 $ d’une année à l’autre. Nous n’étions pas capables de récupérer cette somme. « Puis avec les changements d’habitude des gens avec la loi plus sévère sur l’alcool au volant et la nouvelle interdiction de fumer dans les bars, ça nous a tués! Nous avons tenté d’être créatifs, mais tous nos efforts n’ont pas suffi. Alors en 2008, pour éviter de prendre des arriérés dans nos paiements hypothécaires par manque de revenus, la Fédération des Caisses populaires a repris l’hypothèque que le Collège Boréal a rachetée et est ainsi devenu copropriétaire du bâtiment avec le Csc Providence, poursuit M. Marotte.
« Le CCFWEK est devenu un locataire privilégié. À la suite des succès des programmes du Collège Boréal, l’organisme avait besoin d’un plus grand espace dans l’édifice et le CCFWEK a donc décidé de déménager sur le chemin Walker pour se repositionner le 1er avril 2017. »
Moments déterminants
« Mes meilleurs moments et bons coups sont d’avoir travaillé avec Robert Vallée en 1996 et d’avoir convaincu le gouvernement fédéral de nous octroyer un million de dollars pour redresser notre hypothèque, un gros projet qui nous a demandé beaucoup d’efforts et de démarchages politiques, ajoute M. Marotte.
Également, d’avoir travaillé aux côtés de Paul Chauvin et Nicole Germain au comité des Fêtes du Tricentenaire en 2001, et la mise en place de notre plan de redressement qui a permis la création du Carrefour communautaire francophone en 2019-2020.
« Cependant, ma plus grande satisfaction a été en 1993 alors que j’ai redécouvert ma langue maternelle et appris l’histoire de la francophonie dans la région. Les relations amicales que j’ai développées alors dans la communauté francophone m’ont aidé à comprendre l’importance de sa survie. C’est pour cette raison que l’on a décidé de faire de nombreux sacrifices au fil des ans, de travailler 6 jours sur 7 à la hauteur de 70 heures. Pour moi, ça en valait la peine! »
Didier Marotte a été reconnu à maintes reprises pour ses efforts de développement de la communauté franco-ontarienne de Windsor-Essex. En 2006, il a été intronisé au Cercle Horace-Viau du Club Richelieu international; le 20 avril 2015, il devient la quatrième personne francophone de la région à être intronisé membre de l’Ordre de la Pléiade de l’Ontario; et l’année dernière, il a été lauréat du prix d’excellence collective individuel Desjardins.
« Aujourd’hui, le Centre communautaire est en bonne santé financière. Les programmes roulent rondement et je laisse derrière moi une bonne fondation qui aidera la personne qui me succédera à continuer le développement pour la prochaine décennie. À partir du premier jour de ma retraite, le 1er avril 2024, j’ambitionne d’aider ma fille et mon fils à faire des rénovations immobilières, passer plus de temps avec mon petit-fils et continuer à m’amuser à pêcher. Mon épouse prendra aussi sa retraite probablement au printemps 2024 et nous planifions faire quelques voyages à travers le pays », conclut le futur retraité.
À l’heure actuelle, le conseil d’administration du CCFWEK est dans un processus d’embauche et, selon M. Marotte, la nouvelle direction générale travaillera à ses côtés pendant au moins trois mois. Il espère compléter l’embauche prochainement.
Photo : Didier Marotte et sa médaille de l’Ordre de la Pléiade reçue en 2015