Christiane Beaupré
Les marchés fermiers font partie de ces petits plaisirs d’été qu’on savoure sans trop y penser. On y va pour quelques fruits ou légumes, on repart avec une salade fraîche, une idée de repas… ou un souvenir inattendu.
Quand ma fille était petite, nous avions l’habitude de jouer à « Je vois… » (en anglais : I spy with my little eye… ». C’était notre manière de passer le temps tout en éveillant sa curiosité. Au marché, je lui disais par exemple : « Je vois un légume violet… » Et elle posait mille questions pour deviner l’aubergine, le chou rouge ou parfois même une botte de radis. Ce jeu, tout simple, transformait nos sorties en terrain d’exploration.
Aujourd’hui encore, cette idée peut servir à faire du marché un petit moment de découverte pour les jeunes, sans avoir à organiser une grande activité ni parler de pédagogie. Une simple liste de souhaits griffonnée en français, un mot échangé sur l’odeur d’un melon ou la couleur d’un poivron : la langue trouve naturellement sa place dans ces instants partagés.
Pas besoin non plus de prévoir une journée entière à cuisiner. De retour à la maison, les enfants peuvent laver les produits, dresser une assiette colorée ou préparer une « collation du marché » : fraises, concombres, tomates cerises, morceaux de melon. Avec un peu d’autonomie, ils peuvent même proposer une mini-dégustation à la famille ou créer une fiche illustrée avec ce qu’ils ont découvert.
Pour prolonger le plaisir, on peut leur suggérer un petit défi : inventer une devinette, créer un carnet de découvertes, ou encore jouer à « Je vois… » à la maison avec les produits du jour. Ce sont des jeux simples, mais qui éveillent le regard et développent le vocabulaire sans en avoir l’air.
Même dans une région où le français ne s’entend pas souvent au coin de la rue, ces moments sont précieux. Ils permettent à la langue de rester vivante dans le quotidien, entre une barquette de bleuets et un bouquet de basilic. On ne force rien : on observe, on goûte, on nomme, ensemble.
Et parfois, entre une pêche bien mûre et un sourire échangé, on découvre que l’été se voit mieux quand on prend le temps de le regarder avec des yeux curieux.
Photo (pexels.com): Le marché peut devenir un petit moment de découverte pour les jeunes.