Richard Caumartin

Le 19 juillet, le parc du village de Lafontaine, dans le canton de Tiny, a vibré au rythme du Festival du loup, de retour pour une 21e édition. Organisé par La Meute culturelle de Lafontaine, cet événement bien ancré dans la région de la Huronie – dont la présence francophone remonte à l’arrivée des premiers explorateurs français en 1610 – attire chaque année des centaines de participants.

Tout au long de la journée, un programme riche et varié attendait les festivaliers : défilé de tracteurs, spectacles pour enfants avec la comédienne torontoise Geneviève Cholette, encan traditionnel, souper de poisson et prestations musicales. Fidèle à la tradition, le Festival tire son nom d’une légende locale popularisée dans les années 1950 par le père Thomas Marchildon. Le loup, symbole de peur partagée, aurait jadis rapproché les francophones divisés de Lafontaine en leur insufflant un esprit de solidarité.

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L’autrice-compositrice-interprète Joëlle Roy, bénévole de longue date et membre du conseil d’administration de La Meute culturelle, a coordonné la programmation musicale de la petite scène, tout en montant elle-même sur les planches. Accompagnée de Jill et Louis Lefaive, elle a offert des pièces du répertoire francophone, jouant tour à tour de la guitare, du banjo et de l’accordéon. Elle a aussi joué avec la chorale Les Villageois.

« J’ai commencé à m’impliquer en 2011, l’année où le Festival a été annulé en raison d’un déficit important lors de l’édition précédente, confie Joëlle Roy. Je l’ai relancé et dirigé jusqu’en 2022. Aujourd’hui, nous avons une coordonnatrice, Lucie Charlebois, et ça fonctionne très bien. » Mme Roy se souvient que les débuts ont été difficiles. « Il y avait de la résistance, même des critiques de certains anglophones : « On veut bien vous endurer, mais de là à faire un festival… » Et comme tu n’es jamais prophète dans ton pays, certains francophones disaient « de ne pas faire trop de vagues. »

Malgré tout, l’événement a su s’imposer. « Aujourd’hui, le Festival fait partie des traditions locales. Il n’y a plus de stigmatisation. Ces commentaires sont derrière nous », assure-t-elle.

De nombreux artistes franco-ontariens, dont plusieurs originaires de la région, ont prêté main-forte ou sont montés sur scène. Parmi eux, Jean-Marc Lalonde du groupe Hey, Wow, qui a donné deux prestations, la famille Lefaive, et Michel Payment, figure bien connue de la chanson francophone. Jean-Guy « Chuck »

Labelle, originaire de Mattawa, s’est quant à lui chargé de la technique sonore aux côtés de ses fils. Le soir venu, des élèves de l’école élémentaire Sainte-Croix ont impressionné le public lors du souper avec un concert mettant en vedette plusieurs jeunes aux multiples talents, dont la jeune Margot Ecker, élève de 7e année, à la voix déjà remarquable.

Le concours de hurlement pour enfants a précédé la prestation énergique du groupe québécois Les Chauffeurs à pied, avec son répertoire de reels, de gigues méconnues et de vieilles chansons à répondre.

Les quatre musiciens ont vraiment lancé le party. Le groupe franco-ontarien Hey, Wow, mené par Jean-Marc Lalonde, dont les racines familiales sont bien ancrées à Lafontaine, a clôturé le festival en faisant danser la foule jusque tard dans la soirée.

Malgré les défis postpandémiques, notamment la baisse du bénévolat et la perte de nombreux aînés engagés, l’événement reste un point de ralliement précieux pour la communauté. « C’est un lieu sacré pour les francophones de Lafontaine », conclut Joëlle Roy. Plus de 1000 personnes ont participé à cette fête identitaire, symbole de résilience et de fierté.

Photo : Le Festival du loup fait sortir les francophones de leur tanière.