Olaïsha Francis
Pour souligner son 50e anniversaire, le 12 juillet, la Ville de Cambridge a dévoilé une nouvelle œuvre d’art public, qui plonge ses racines dans l’histoire de la ville. L’artiste canadien Pierre Poussin, d’origine mauricienne, a été invité à concevoir Lumière, une installation permanente désormais visible au complexe de soccer de la rue Fountain.
S’élevant à 10 mètres de hauteur, cette sculpture en acier couleur rouille — illuminée par des diodes électroluminescentes LED — rappelle la forme de la Sheave Tower de Blair, un vestige du patrimoine industriel de l’Ontario. Commandée à la suite d’un appel à projets lancé en 2023, Lumière a été choisie parmi cinq propositions finalistes. L’œuvre de Pierre Poussin s’est distinguée par sa capacité à mélanger mémoire patrimoniale et expression contemporaine.
Un clin d’œil à la tour génératrice hydroélectrique alimentée par l’eau, bâtie en 1876 pour faire fonctionner le moulin à grains de Carlisle. C’était l’un des plus petits projets de production hydroélectrique au monde. Cette structure en bois, qui est aujourd’hui l’une des dernières du genre en Ontario, ne sert plus depuis 1954, mais elle continue de fasciner.
« La Sheave Tower est un symbole remarquable de l’ingéniosité mécanique du XIXᵉ siècle et de l’histoire industrielle fondatrice de la région de Cambridge, explique Pierre Poussin. J’ai voulu que Lumière en soit un écho moderne, un hommage lumineux au patrimoine de la communauté. »
Depuis près de deux décennies, Pierre Poussin façonne l’espace public à travers le Canada. De Vancouver à Ottawa, en passant par Edmonton et Toronto, son travail s’inscrit dans une démarche profondément contextuelle : chaque œuvre s’inspire de l’histoire, de l’architecture des animaux et des habitants du lieu où elle s’insère.
Ses sculptures, souvent imposantes mais toujours délicates, ont pour but de créer un échange entre les passants et leur environnement. Lumière ne fait pas exception. Fabriquée en acier Corten par la compagnie Lafontaine Iron Werks, la structure évoque à la fois la robustesse industrielle et la finesse du geste artistique.
« L’acier Corten, souvent utilisé sur les navires pour sa durabilité, me semblait idéal, explique l’artiste. Il résiste au temps, comme les monuments ou les souvenirs qu’on porte en soi. »
Avec Lumière, Pierre Poussin ne cherche pas seulement à marquer un demi-siècle d’histoire municipale. Qu’elle soit découverte au détour d’un sentier ou admirée lors d’un match au complexe sportif, la sculpture invite à une pause : un moment de connexion entre hier et demain, entre l’individu et sa communauté.
« L’art public doit être accessible et toucher tous les âges, conclut Poussin. Il doit susciter la joie, la réflexion et, surtout, une nouvelle manière d’habiter nos lieux de vie. »
Photo (Crédit : Jeff Ho) : L’œuvre de Pierre Poussin au complexe de soccer de la rue Fountain à Cambridge