Christiane Beaupré
Pas besoin de traverser le pays ni de vider son compte en banque pour vivre une escapade enrichissante cet été. À seulement quelques heures de route, le sud-ouest de l’Ontario regorge de villages souvent méconnus, mais riches en histoire, en culture et en hospitalité. Le temps d’un week-end est parfois suffisant pour visiter un ou plusieurs de ces lieux qui témoignent du patrimoine vivant des francophones de la région. Ces destinations accessibles, parfois oubliées des guides touristiques, méritent amplement le détour.
À commencer par Pain Court, près de Chatham. Ce village agricole est l’un des plus anciens bastions francophones du Sud-Ouest ontarien. En plus des écoles francophones dynamiques, il donne accès à la St. Clair National Wildlife Area, idéal pour les randonnées ou le kayak. Le parc du Centenaire offre quant à lui des installations sportives utilisées par les familles locales tout l’été. Pain Court est également le théâtre de divers événements communautaires pendant la saison estivale.
Un peu plus à l’ouest, Pointe-aux-Roches (Stoney Point) se distingue par ses racines francophones bien ancrées. Ce village bordé par le lac Saint-Clair fut établi dès les années 1830 par des colons venus du Bas-Canada. Une plaque historique installée au cœur du village rappelle ces origines. Pointe-aux-Roches est aussi un lieu de mémoire important, puisque les terres environnantes ont été marquées par l’expropriation du peuple Anishinaabe pour établir Camp Ipperwash, un épisode douloureux de l’histoire locale et nationale.
Non loin de là, Woodslee, Grande Pointe et Mitchell’s Bay forment un petit circuit de villages où la langue française se parle encore, parfois à voix basse, dans les maisons et les commerces. À Woodslee, on retrouve une ambiance rurale paisible, parfaite pour une halte champêtre. Grande Pointe, tout près de Pain Court, fait partie de ces hameaux où la culture francophone a longtemps été dominante, même si elle s’affiche aujourd’hui plus discrètement. À Mitchell’s Bay, on peut profiter du lac et des activités nautiques, tout en découvrant une autre facette du patrimoine local.
Enfin, des villages comme Tilbury ou Port Lambton témoignent eux aussi d’un passé francophone bien présent, à travers leurs églises, leurs noms de rue ou les souvenirs transmis par les familles locales. Bien que moins visibles dans l’espace public, ces traces rappellent que la francophonie est enracinée dans toute la région.
Redécouvrir ces villages, c’est faire œuvre de mémoire, mais aussi de présence. C’est poser un regard nouveau sur des lieux proches de chez soi, qui ont contribué à façonner l’identité franco-ontarienne. Qu’on choisisse de visiter un seul village ou d’enchaîner plusieurs sites sur la route, ces découvertes promettent des rencontres intéressantes, une immersion culturelle et un sentiment d’appartenance renouvelé.
Photo (Le Rempart) : L’église Immaculée-Conception est un joyau du patrimoine franco-ontarien à Pain Court.